Pourquoi s'acharne-t-on contre l'élevage bovin allaitant ?

Une ferme d’élevage allaitant c’est un modèle d’agriculture sans emprise pour l’agro-industrie !
Les vaches sont accusées de détruire la couche d’ozone, de consommer trop d’eau pour produire 1 kg de viande et cette viande serait mauvaise pour la santé. Pourquoi ne s’attaque-on pas aux cervidés, bisons, antilopes, girafes et camélidés qui eux aussi ruminent ? Les chiffres de consommation d’eau avancés de 15 000 litres pour 1 kg de viande ne sortent d’aucune étude sérieuse et sont totalement faux. Enfin, en pleine crise de l’ESB, les diététiciens rappelaient que la viande de bœuf est indispensable pour les sportifs de haut niveau ; elle est également très importante pour une bonne nutrition de travailleurs manuels. Une ferme d’élevage allaitant c’est un modèle d’agriculture sans emprise pour l’agro-industrie ! Pour produire de la viande de bœuf, il faut des prairies naturelles bien grasses, un peu de matériel agricole - même ancien - pour la fenaison, pas obligatoirement de stabulation si les animaux peuvent passer l’hiver dehors et rien d’autre. Pour commercialiser les animaux et leurs viandes, il suffit d’un petit abattoir local et de boucheries de proximité. Pour le transport, une bétaillère et un fourgon frigorifique suffisent. Les filières d’agrobusiness ont tout intérêt à déstabiliser ce modèle autonome en proférant les critiques ci-dessus et en important de la volaille à un prix moindre que la viande de bœuf. Quand notre éleveur ne gagne plus sa vie avec ses charolaises, il vend son troupeau et se reconverti vers la production de porcs. Il va donc falloir qu’il dépose : un permis de construire, un dossier ICPE et un plan d’épandage. On risque de lui conseiller de créer une nouvelle entité juridique pour ne pas avoir l’élevage et les terres sur la même structure. Pour cela, il va s’entourer de coûteux conseils. Il va investir dans un bâtiment, une fosse à lisier, une tonne à lisier et un tracteur d’au moins 150 cv pour la tirer. Il va donc avoir recours à l’emprunt pour financer tous ces investissements. Il va intégrer un groupement de producteurs de porcs ; cette coopérative va, contractuellement, l’obliger à avoir recours à elle pour l’alimentation intégrale des porcs, lui interdisant de fait de produire son aliment à la ferme. Les cochons seront nourris avec du soja argentin, de l’orge russe et du maïs ukrainien. Ses terres vont être libres. On va lui conseiller d’y cultiver du blé pour le grand export et du colza pour le groupe Avril. Il va devoir investir encore dans du matériel de grandes cultures ou avoir recours à des prestataires. Comme les terres avaient une vocation prairiale, il va falloir qu’il mette de nombreux intrants pour obtenir un rendement moyen. Peut-être lui faudra-il investir dans du matériel d’irrigation ? Et quand il pleuvra très fort, il découvrira de l’érosion dans ces parcelles en pentes, chose qu’il n’avait jamais constaté avec des prairies. Très vite il va se retrouver en difficulté car ces nouvelles productions ne sont pas très rémunératrices et il va devoir s’enfoncer dans l’endettement en rachetant de l’argent. Si la valeur ajoutée n’est pas retombée dans sa ferme, il aura : créé une importante activité économique, financé de nombreux emplois dans les services, contribué au développement des échanges et transports intercontinentaux, enrichi des filières industrielles et aidé les multinationales de l’agroalimentaire à faire de l’optimisation fiscale. Jadis péquenot enraciné dans son terroir, il est devenu, malgré lui, un artisan de la mondialisation !