L'intégration de l'Ukraine au sein de l'UE interdirait toute PAC

La Russie et l’Ukraine poursuivent le développement de leur agriculture en plein conflit armé
Le régime communiste avait été catastrophique pour les zones rurales de l’URSS. Malgré d’excellentes terres, leurs paysans mouraient de faim et l’Union soviétique devait importer d’importantes quantités de nourriture pour sa population. Il a fallu 20 ans, après l’effondrement du bloc communiste, pour que l’agriculture se redresse. A partir de 2010, la Russie s’est mise à exporter du blé et l’Ukraine du maïs. Depuis 2015, la Russie est devenue le premier exportateur mondial de blé, détrônant les Etats-Unis. En 2019, les frères ennemis de la mer Noire ont exporté 92 Mt, toutes céréales confondues. Sur la campagne 2022/23 leurs exportations s’élèvent à 107 Mt. Leur production de céréales augmente actuellement à un rythme de 5 % par an. Les rendements progressent régulièrement, la logistique et le stockage s’améliorent ; ils ne perdent plus leurs récoltes comme avant. Des spécialistes estiment que l’Ukraine et la Russie peuvent encore améliorer leur compétitivité de près de 50 $/t de céréales d’ici une dizaine d’années, principalement en gains logistiques. L’Ukraine devrait également devenir un acteur important dans la production de soja ; c’est déjà un gros exportateur de tournesol. Malgré le conflit armé, les exportations de volailles ukrainiennes vers l’UE 27 ont progressé de 40 % entre février 2022 et février 2023. La guerre pénalise la production et le commerce des produits agricoles seulement en ralentissant leur progression. Il n’y a aucune raison logique sur le plan économique que de vouloir aider l’Ukraine en lui achetant du maïs ou du poulet. Ces produits rentrent au sein de l’UE en déstabilisant nos marchés car nous n’en avons absolument pas besoin. En fait, la Russie et l’Ukraine pratiquent un productivisme agricole débridé sans aucun marché pour leurs excédents. Ils effectuent du pur dumping sans régulation de production ni de marché. Est-ce à l’UE27 de les aider à écouler leur production ? Et ce d’autant plus qu’ils prennent des marchés à l’export, concurrençant le blé européen. C’est particulièrement vrai pour le blé français dont le principal et le plus stable des clients était l’Algérie. Aujourd’hui, les russes y sont bien implantés et le gouvernement algérien n’est pas mécontent, sur le plan géopolitique, de faire des infidélités à la France. Au-delà de ces problèmes, les agricultures russe et ukrainienne ne prennent pas du tout en considération l’environnement. En 2018, l’ONU avait déclaré que 25 % des pesticides utilisés en Ukraine étaient illégaux. L’Ukraine souhaite faire partie de l’Union européenne. Faire confronter ses grandes fermes de dizaines de milliers d’hectares et ses coûts de production avec nos petites exploitations familiales porterait un coup fatal à notre modèle agricole. L’Ukraine possède 2 fois plus de terres labourables que la France. Nous perdrions donc notre place de premier pays agricole européen. Le PIB par habitant de l’Ukraine est le même que celui de la Colombie. Imaginerait-on intégrer la Colombie au sein de l’UE ?