Aux États-Unis, les aides contracycliques soutiennent l'économie en période défavorable. Elles visent à atténuer les effets des cycles économiques, en augmentant les aides en période de récession et en les réduisant en période de croissance. Dans l’agriculture, ce sont des aides versées aux agriculteurs lorsque les prix des produits agricoles tombent en dessous d’un certain seuil.
Ce sont principalement les grandes cultures qui sont éligibles aux aides contracycliques : Maïs, Blé, orge, riz, soja, tournesol, canola, coton, arachides, pois chiches et lentilles. Des dispositifs plus récents incluent la luzerne déshydratée et le sucre. Elles sont peu développées dans l’élevage mais des programmes existent quand même pour les bovins viande et le lait.
Au sein de l’union européenne, les primes PAC étaient tout d’abord réservées aux grandes productions qui allaient subir des baisses de prix avec l’entrée de l’agriculture dans l’OMC. Puis transformées en DPB, elles ont été diluées et attribuées au maraichage, à l’arboriculture, à la viticulture, à la lavande, aux estives…
Transformer les DPB et en aides contracycliques reviendrait à diminuer les aides en années moyennes et à les redistribuer en mauvaise année. Si nous prenons précisément le cas de la production céréalière de la France en 2024, il aurait fallu donner au moins 600 € d’aides par hectare aux céréaliers alors qu’ils « touchent » actuellement environ 200 €. C’est-à-dire qu’il aurait fallu donner en une année, l’équivalent de 3 années de primes. Et si l’année 2025 s’avère mauvaise, pour cause de chute des cours ou pour raisons climatiques… le budget de la PAC explose ! Ce n’est pas tenable !
Prendre des aides aux éleveurs, aux arboriculteurs ou aux viticulteurs pour aider les céréaliers n’aurait pas été possible sur le plan économique car ces autres catégories d’agriculteurs sont aussi en situation difficile. De plus, politiquement, il serait indécent d’augmenter les montants de primes perçus par « les gros céréaliers ».
Ces aides contracycliques ne sont pas adaptées à notre agriculture pour d’autres raisons :
- En 2007 et 2010, quand le prix des céréales s’est redressé fortement, l’embellie n’a duré que 6 à 8 mois. De nombreux agriculteurs ont vendu leur récole de l’année avant ou après l’embellie et n’ont pas vu leur revenu en profiter. Diminuer l’aide PAC, parce que les cours ont été, en moyenne, plus élevé que les autres années, pénaliserait les agriculteurs. Idem pour les productions contractuelles de semences ou de légumes dont les prix sont déterminés avant l’implantation des cultures.
- Faudrait-il appliquer ces aides contracycliques uniformément dans toute l’UE ou pouvoir les mettre en œuvre au niveau national ou même régional, voire départemental en fonction des aléas climatiques ? Encore plus d’agriculture administrée !
- Les aides contracycliques n’ont aucun effet sur la régulation du marché et donc sur les prix, payés aux producteurs.
- Elles valident des prix bas et des frontières ouvertes dans un marché mondialisé et n’offrent donc pas une alternative sérieuse à la crise agricole et pour une réforme de la PAC.
- Aux Etats-Unis, où la moitié du blé est exporté, il suffit d’un « coup de pouce » aux agriculteurs pour leur redonner du revenu quand les cours intercontinentaux sont bas.
- En Europe, avec un important déficit global de la production de grains (céréales et oléoprotéagineux confondus), il serait stupide de moduler le montant d’une aide à la recherche d’une illusoire compétitivité sur les marchés intercontinentaux car la vocation de notre agriculture n’est pas d’exporter mais d’approvisionner le marché européen.
Aides contracycliques, un dispositif d’aides agricoles américain qui ne convient pas à l’UE
Il y a de nombreuses raisons pour ne pas copier le modèle américain
